CD : le « best-of 2023 » de Michel Clavel

CD : le « best-of 2023 » de Michel Clavel

Faste… and very furious !

On le souligne depuis l’effet Covid, jamais la production musicale n’aura été plus intense, inventive, passionnante, et surtout incroyablement qualitative. Les oreilles de votre serviteur auront été cette année sollicitées pour plus de cent vingt albums(!), dont tout de même plus de la moitié retenus pour être chroniqués dans ces colonnes. Vertige exaltant, mais plus délicat quand il s’agit maintenant de recenser cette folle année qui s’achève. Pour 2023, grand cru millésimé, c’est plutôt un «best ouf» en forme de Top 20 au lieu de 12 que je suis obligé de dresser, ce qui n’enlève rien à tous ceux qui y auraient eu leur place. Et mine de rien, hormis certes le podium central qui est anglo-saxon, ce sont bien des musiciens français qui prédominent largement dans ces coups de cœur, dont de nombreux groupes parmi lesquels, sans favoritisme aucun, certains se taillent la part du …Lyon.
La patte afro qui avait largement dominé l’année 2021 est à nouveau très représentée dans une play-list où règne plus généralement le groove, plutôt la douceur planante pour d’autres, et tous ceux qui marient superbement ces deux facteurs, bel équilibre dont on a tellement besoin en ces temps moroses.
Régalez-vous de cette diversité sonore foisonnante, n’hésitez pas à partager -la musique est faite pour ça!- et faites des heureux en glissant ces quelques fines galettes sous le sapin. Effet garanti !

1. Me & My Friends « Before I saw the Sea » (Split Shift Records)

Le coup de foudre a été instantané et total pour entamer l’année avec ce confidentiel quintet de Bristol qui marie comme encore personne les merveilleuses harmonies de la folk anglaise aux sonorités et tempos afro-caribéens. Un chef d’oeuvre de coolitude croisant le falsetto androgyne du guitariste Nick Rasle -également pianiste- à un violoncelle et une clarinette célestes, sur fond de rythmiques langoureusement groovy, totalement hypnotiques jusqu’à la béatitude. Si la chanteuse Sade vous faisait de l’effet, Me & My Friends va vous chavirer. Juste fa-bu-leux !

2. Leo Sidran « What’s Trending » (Bonsaï Music)

Et si l’on tenait là enfin, en écho même quarante ans après, comme une suite rêvée  au mythique «The Nightfly» de Donald Fagen ? Fils prodige de Ben Sidran (Steve Miller Band), le chanteur multi-instrumentiste ressuscite toute l’ambiance si particulière de la west-coast des seventies qu’on aime tant, dans un continuum de pépites étincelantes aux couleurs jazz groove des Steely Dan (le trompettiste Michaël Leonhart est notamment là), Mickaël Franks, Michaël Mc Donald, Boz Scaggs et autre Toto… bref le fameux son californien intemporel, pour des chansons qui interrogent la mode et les tendances avec un soupçon d’ironie que maître Donald n’aurait sans doute pas renié. Magistral, on se régale !

3. Billy Valentine & The Universal Truth (Acid Jazz Records / Flying Dutchman)

Redécouvert cette année par la grâce d’un premier album absolument miraculeux, ce septuagénaire qui a connu la gloire en duo avec son frère John (il y a quarante ans déjà) n’a rien perdu de ses engagements ni de sa voix toujours exceptionnelle qui en a fait le prince d’une soul soyeuse. L’ultra discret Billy Valentine qui a pourtant écrit des tubes pour Ray Charles, Burt Bacharach,les Neville Brothers ou Simply Red, revient donc par la collaboration inespérée de deux labels mythiques pour un répertoire de huit chansons empruntées à des artistes noirs et engagés, qui en fait l’album de reprises le plus génial et inattendu qu’on ait entendu depuis longtemps.Grâce aussi à l’armada de pointures des studios d’East Hollywood qui forment son groupe The Universal Truth où l’on retrouve deux générations,de Pino Palladino à Théo Crocker. Une vraie merveille, avec de pures tueries comme notamment cette version  féerique de The Creator has a master Plan de Pharoah Sanders ou du Sign of Times de Prince façon Miles Davis. Incroyablement Jouissif !

4. Julia Sarr « Njaboot » (L’Autre Distribution)

Curieusement,on n’aura pas vue et guère entendue la belle Julia Sarr cette année qu’elle a pourtant ouverte avec l’un des plus beaux bijoux de nu-soul qui soit, où, encadrée par une brochette de pointures autour de son producteur et pianiste Fred Soul, la mezzo-soprano y chante en wolof l’amour, la foi, l’enfance et les sujets sociétaux concernant l’Afrique de l’Ouest de ses origines. Feeling extrême de la voix quelque part entre Janet Jackson et Erikah Badu, voluptueuse sensualité mélodique et groove soyeux, ce nouvel album dont on ne se lasse pas est une pure merveille de bout en bout. Indispensable !

5. Matthieu Saglio « Voices » (ACT)

Habitué de notre podium à chacune de ses parutions, le violoncelliste globe-trotter qui n’a cessé de croiser les genres et les cultures sans frontières dans des compos élégantes et touchantes, essentiellement instrumentales, s’ouvre de plus en plus aux voix et ce Voices en est le plus bel hommage en couvrant un spectre cosmopolite d’une incroyable et fraternelle cohérence. Preuve en est avec cet inespéré melting-«potes» de la Suède au Pérou, de l’Azerbaïdjan au Sénégal en passant par l’Afrique du Sud à la gloire de «Madiba», où l’on entend entre autres Natacha Atlas, Nils Langren, Wasis Diop, Susana Baca ou encore son frère Camille aux vocalises célestes. La passion des voix selon saint Matthieu alliée à la grâce de son formidable quartet. Merveilleux !

6. Foehn « Eléments » (Kollision Records / Mad Chaman)

Le trio lyonnais poursuit magistralement sa trajectoire ascensionnelle avec ce troisième album où le jazz prend de plus en plus d’altitude sur le versant electro, dans des compos oniriques renforcées en live par les projections du vidéaste Malo Lacroix. Les «éléments» naturels qui constituent le paysage terrestre et céleste ont une portée particulièrement forte qui inspire  l’imagination du pianiste et claviériste Christophe Waldner, musicien qui conforte au fil du temps sa stature de compositeur éminent. Frappés d’un sens mélodique puissant, croisant avec brio romantisme délicat et embardées tonitruantes, les titres ont une évidente portée cinématographique dans ce grand looping à la fois atmosphérique et rythmique, porté par les grosses basses de Cyril Billot et le broken beat de Kevin Borqué. Foudroyant !

7. Da Break « Da Best Riddim Eternal Action Krew » (Label La Ruche / Inouïes Distribution)

Plus besoin de traverser l’Atlantique pour goûter aux joies des partys infernales de soul-hip-hop qui ont marqué les années 90, avec les lyonnais (encore!..) de Da Break, sidérants d’authenticité dans leur fracassant nouvel opus qui aura vraiment marqué ce début d’année. Après l’incroyable «Let it Shine» dont le génie aura été parasité par la période Covid,c’est encore le claviériste Pierre Vadon qui produit cette pure bombe de groove (écoutez Got Me et son beat au hachoir…) où l’intense chanteuse Hawa croise son flow à celui de divers invités en feat. Alors vraiment, Da Best Riddim Eternal Action Crew ? On ne saurait mieux dire avec ce must qui nous a décalqué !

8. David Walters « Soul Tropical » (Heavenly Sweatness)

C’est sous la férule du célèbre beat-maker Captain Planet qu’ont été mixées sous forte influence afro-caribéenne ces treize plages, dans son studio de Los Angeles où s’est envolé le Marseillais David Walters, chanteur qui nous épate au fil de ses albums et de ses fréquents feats. pour ses potes du label Heavenly Sweatness. Entouré ici par une brochette de musiciens complices (Cissoko, Segal, Raspail, Canonge…) et de quelques voix en feat. (Antony Joseph, Flavia Coelho, La Reyna…) le classieux grooveur est là à son meilleur dans un continuum tubesque au funky-disco irrésistible. Frais, léger, dynamique, l’album idéal pour démarrer la journée et imparable pour ambiancer la soirée. J’adoooooooore !

9. Yom « Alone in the Light » (Planète Rouge / Believe)

Après le bien nommé «Célébration» qui a entamé en 2020 sa collaboration avec le pianiste Leo Jassef, c’est toujours en duo avec lui que le clarinettiste Yom poursuit ses recherches sonores tournées vers le sacré et la contemplation, dans ce nouvel opus intime et nocturne aux mélodies épurées. Comme une longue introspection, un sillon intérieur qu’il continue de creuser dans cette oeuvre aussi profonde que scotchante. Un album parmi les plus planants du moment, dans la finesse de mélodies émotives où il faut prendre le temps de se poser, se vider la tête de tout ce qui peut l’encombrer, et plonger corps et âme dans la voluptueuse transcendance vers laquelle nous porte ces dix plages frissonnantes (entendues récemment en live) et qui envoient direct ce petit bijou dans notre Best-Of 2023 !

10. Brooklyn Funk Essentials  » Intuition » (BPM / Dorado Records)

Bientôt trois décennies que le brillant collectif new-yorkais nous régale avec parcimonie de sa fusion hybride du jazz soul-funk avec les courants actuels du hip-hop, du rap et de la poésie slamée. Pour leur sixième opus, voilà encore le fruit d’un travail mené durant la pandémie et ses périodes confinées, puisque le groupe en a profité pour laisser libre court à son inspiration en s’enfermant en studio pour des séances d’impro. D’où le titre donné à ce disque comptant huit titres efficaces et sans fioritures. On se passera même de ballades pour aller à l’ «essential», autrement dit du groove, du groove et encore du groove, ce funk  dévastateur qui fait la réputation du groupe emmené par son fondateur le bassiste Lati Kronlund, comme le démontre le premier single How happy qui fait la part belle à la voix de la chanteuse Alison Limerick, bordée de cuivres. Let’s groove tonight, et ce n’est pas qu’une intuition!

11. African Jazz Roots « Seetu » (Peewee! / Socadisc)

Comme pour bon nombre d’artistes cités ici, on a eu le plaisir de découvrir aussi en live ce nouvel album qui réunit autour des complices Ablaye Cissoko (kora) et Simon Goubert (ici à la batterie), la pianiste Sophia Domanchich, le contrebassiste Jean-Philippe Viret, et le joueur de calebasse Ibrahima Ndir, pour un long voyage onirique qui puise aux sources traditionnelles sénégalaises. Des mélodies simples et épurées là encore, où le quintet en osmose prend le temps de nous emporter petit à petit dans ses méandres  tour à tour poétiques et percussifs. Séduisant et fascinant !

12. Emile Londonien « Legacy » (Believe / Naïve)

Trio strasbourgeois qui se fait souvent quartet avec en feat le sax ébouriffant de Léon Phall ou d’Emile Parisien, et lui aussi porteur de renouveau dans la fameuse french touch, Emile Londonien nous a impressionné par son premier EP Jazz Contenders qui annonçait de sérieuses promesses, vite confirmées avec ce premier  LP où  ces trois garçons issus du collectif Omezis optent  pour un electro-jazz dont le puissant beat s’oriente délibérément vers le dance-floor. Matthieu Drago à la batterie, Nils Boyny aux claviers et Théo Tritsch à la basse, tous formés au Conservatoire de Strasbourg, représentent parfaitement cette «next génération» décomplexée et influencée tout à la fois par des figures tutélaires de l’audace jazzistique que par tous les courants nouveaux de la scène londonienne métissée, comme le broken beat, le hip-hop et surtout ce fameux jazz-house auquel on succombe, comme lors de leur set en after au Club de Jazz à Vienne cet été.

13. Kaz Hawkins « Until we meet Again » (DixieFrog)

En signant l’artiste nord-irlandaise Kaz Hawkins, le label Dixiefrog nous a fait une révélation majeure, confirmée depuis par des concerts inoubliables. Après nous avoir époustouflé avec sa riche compil’ «My Life & I» qui a trusté la première place du best-of 2022, revoilà la touchante diva (désormais installé à Paris et jouant avec des musiciens français) avec un nouvel album qui confirme s’il en était encore besoin le talent de songwriter d’une chanteuse qui a su faire de son douloureux parcours de vie un creuset où puiser matière à nous émouvoir. Une fois de plus, entre ballades déchirantes, blue-gospel et R&B très péchu, on découvre avec bonheur ces dix titres dont huit sont de nouvelles compos. Un talent vraiment sidérant !

14. Jî Drû « Fantômes » (Label Bleu)

On connaissait le flûtiste Jî Drû pour son travail fidèle aux côtés de Sandra Nkaké, on le découvre ici sous son nom pour cet album (son second) en forme de fascinant conte musical «ambient», atmosphérique et souvent planant qui nous emmène vraiment ailleurs. L’étonnant concepteur de ce voyage onirique,à la fois mystique, organique et tribal, signe là un manifeste de jazz irrigué par le blues et les musiques classique, sérielle et électronique, où le multi-souffleur (flûte traversière, vouivre, flûte à nez, bambou peuhl, bangkok pipe, bouteille…) révèle aussi toute la prégnance de sa voix très proche de Bowie,mariée à celle, envoûtante et subtilement texturée, de Sandra Nkaké évidemment du voyage, sous les effets du Rhodes hypnotique de Pierre-François Blanchard et les rythmes inventifs de Mathieu Penot. Un quartet renforcé par les violoncelles de Paul Colomb et Justine Metral invités qui apportent une touche symphonique à cette production très léchée qui sonne avec éclat comme de la pop sympho ou de la pop planante en croisant le souffle de la flûte à la voix magique de la chanteuse. Ensorceleur !

15. Pat Kalla « Belle Terre » (Heavenly Sweatness / Pura Vida Sounds)

Son précédent et bien nommé «Hymne à la vie» nous avait fait tellement de bien durant les confinements qu’il a fini en tête de ce Best-Of en 2021.Un chapelet  de tubes irrésistiblement groovy côté musique sous la férule de son Super Mojo,et des textes qui font mouche où, sous une apparente légèreté teintée d’humour, le chanteur lyonnais faite montre d’une pertinente acuité à évoquer des sujets plus profonds. La «patte» Kalla quoi, griot du groove, conteur hors-pair empreint d’une philosophie de vie où l’engagement est contenu par une certaine sagesse, et qui excelle dans l’art de narrer ses réflexions sur le monde (l’écologie notamment) et sur l’humain, avec des mots bien joliment troussés, usant d’une fausse naïveté de grand enfant (qu’il est resté) et qui nous touche par sa tendresse. Raconter en faisant rayonner un savant mélange de highlife, rumba métissée, biguine, funk et afrobeat, tout ce qui constitue le chaleureux afro-disco d’un Super Mojo propagateur de feel good vibrations. Toujours réalisé par Guts,l’album se pare de plusieurs fleurs vocales récoltées à La Réunion, aux Antilles et en Afrique dont Rebecca M’ Boungou (Kolinga) pour la superbe mélodie écolo-nostalgique de Rivière et sa douceur mélancolique rappelant Voulzy, et Olivia Victorin (Dowdelin) pour le magnifique Rêve Danser.

16. Electrophazz « Back to the Future » (Phazz Production / Inouïes Distribution)

S’il signe de merveilleuses mélodies dans le Super Mojo de Pat Kalla, le pianiste-claviériste David Marion porte aussi celles de son groupe Electrophazz, autre fleuron de la scène régionale avec Yann Phayphet (basse), Japhet Boristhène (drums) et Jean-Alain Boissy (saxos et flûtes)  qui ouvrent un nouveau chapitre dans le voyage introspectif  initié par «Electric City» en 2017.Toujours en portant des messages positifs mais en plongeant dans le passé pour mieux se projeter dans l’avenir côté musique. Back to the Future, explicitement rétro-futuriste dans ses nombreuses sources de sons, ajoute à la magnifique voix de Mickaëlle Leslie et au flow du sage rappeur londonien Eneeks, celles du groovy Beat Assaillant , la sensualité de Delphine Blanc, le rap du bruxellois DYnamic ou encore le spoken-word de l’Indien Bhagya Bose. Un retour vers les ambiances soul-funky du hip-hop des années 80-90 mais avec la patte electro-jazz actuelle, phénoménal travail «home-made» dans nos campagnes mais digne de NYC ou L-A. Comme pour leurs collègues lyonnais de Da Break,on dit chapeau !

17. Omar Sosa & Paolo Fresu « Food » (Tük Music/ L’Autre Distribution)

Troisième collaboration du pianiste cubain Omar Sosa avec le trompettiste sarde Paolo Fresu après le chef d’oeuvre d’«Alma» en 2012, suivi d’«Eros» en 2016,«Food» conclut la trilogie des complices avec un concept-album autour de la nourriture (vitale pour le corps et l’âme) dans cet album essentiellement instrumental qui a  fait appel à quelques ingrédients supplémentaires sur certaines de ces douze plages éthérées et contemplatives, riches en textures et ourlées de fins arrangements. Les voix d’ Indwe, de Cristiano De André et de Kokayi, le steel-pan d’Andy Narell et l’illustre violoncelle du maître brésilien Jaques Morelenbaum participent à l’envoûtement distillé par le duo de base, comme un plongeon dans une bulle d’air faisant office de sas de décompression. Ressourçant !

18. Nicolas Folmer « Michel Legrand Stories » (Cristal Records)

Quatorze ans après une rencontre coup de foudre avec Michel Legrand dont il partage les univers (chanson, jazz musique pour le cinéma), le trompettiste et chanteur Nicolas Folmer se réapproprie huit titres du compositeur avec lequel il partage un goût sûr pour le travail d’orchestration, comme il l’a déjà fait d’ailleurs en 2019 dans «So Miles» consacré à Miles Davis. Une set-list qui convoque un casting all stars avec le gratin du jazz français dont Dédé Ceccarelli et Stéphane Huchard aux drums, Philippe Bussonnet à la basse et Jérémy Bruyère à la contrebasse, Olivier Louvel aux guitares, Vincent Bidal , Laurent Coulondre et Emil Spanyi au piano, Stéphane Guillaume, Lucas Saint-Cricq et Robinson Koury aux cuivres, Michel Casablanca aux percussions, mais encore une belle section de cordes parmi laquelle Line Krus et Caroline Bugala aux violons. Le Grand Michel est sacrément bien salué avec cette brillante équipe très inventive comme sur La Chanson des Jumelles (Les parapluies de Cherbourg) dans une version inédite et géniale, electro-jazz façon Truffaz. Joyeusement épatant !

19. Léon Phal « Stress Killer » (Heavenly Sweetness/ Idol / L’Autre Distribution)

Découvert avec «Canto Bello» et révélé avec «Dust to Stars», le saxophoniste champenois n’a cessé de nous épater en devenant incontournable parmi la nouvelle vague du jazz groove à la française versée dans les musiques de clubs faites pour inonder le dance-floor, à l’instar du trio strasbourgeois Emile Londonien dont Léon est souvent le quatrième homme.Il rend à son tour hommage à tous ces sons qui viennent de Londres en insérant pour la première fois quelques voix comme la camerounaise Lorine Chia (Guts, The Game) sur le tempos reggae-dub de Something Inside, très cuivré et où dialoguent sax et trompette (Zacharie Ksyk), ou celle de K.O.G pour son flow en spoken word qui imprime la U.K touch au afro-hip-hop. Entre la ligne de contrebasse de Rémi Bouyssière et le drumming toujours ardent d’Arthur Alard, le groove cuivré et classieux de Léon Phal fait montre de son sens mélodique imparable dès l’intro avec Vibing in Ay, qui trahit bien les accointances du saxophoniste avec Emile Londonien.

20. Marc Berthoumieux « Les Choses de la Vie » Live (Absilone /Socadisc/ Believe)

C’est encore un live inédit (un concert privé donné dans le Poitou en 2014) que nous a livré cette année le touchant accordéoniste Marc Berthoumieux qui considère la formule en trio comme la formation où s’affirme le mieux la liberté d’expression, et où l’écoute et la relation à l’autre s’équilibre avec la plus grande harmonie.Cet enregistrement en est la quintessence puisqu’il se produisait déjà à cette époque avec le pianiste très lyrique Giovanni Mirabassi avec lequel il partage une grande complicité, et l’incontournable caméléon de la basse française, Laurent Vernerey. «Les Choses de la Vie» a donné l’occasion à ce trio magique de se reformer et de retourner partout dans le monde, preuve que la beauté émouvante de ce répertoire est définitivement intemporelle.

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