« Eat that Chicken » par Eat that Chicken

« Eat that Chicken » par Eat that Chicken

CD ………………………………. ? de ………………………….?

Aujourd’hui, changement de perspective : écoute à l’aveugle d’un disque, qui vient de sortir, dont le nom reste encore caché.

Voyons et tendons l’oreille.

Ça commence en Marsouin comme un charivari d’Arfi, ou un en-fanfare de Papanosh. Ça se poursuit en trompette, plutôt un bugle d’ailleurs, qui jouerait comme Freddie Hubard. C’est drôle et efficace. A tous les niveaux. Stéréo plein la tête. Il se passe des choses à droite, à gauche, en haut, en bas, en plein champ ou hors champ, premier, second, troisième plan. C’est du plaisir et du bonheur.

Dans ce Charabia, ça perce tout de suite. Ça ne fait pas semblant. J’aime bien. Ça va droit au but. Contrebasse et bugle développent un swing tranché. L’oreille est immédiatement stimulée. L’orchestre appuie en grandes embardées, polytonales, fanfaronnantes. Ça mélange le classique et le free, comme au grand temps de Mingus. Ça s’entuile, je jubile. Ça sonne partout, je dis encore. Comme il serait bon d’être à l’intérieur !

Poisson Pané klaxonne, se répond, s’expose, fait des pointes. Déséquilibre. Straight ahead. C’est drôlement bien pensé, non calculé. Les musiciens se suivent et ne se ressemblent pas, ils s’augmentent. Ambiance club de jazz, ça joue, mazette !

On se pose un peu sur Morsode. C’est un jeu sur les timbres. Belle connivence entre le saxo et le bugle. Arrangements consonants, dissonants. Tranquille. L’occasion de respirer, en pleine bouffée de jazz moderne. Chouettes solos du saxophoniste et du pianiste, tous les deux très inspirés.

Ouverture de la Porte Fenêtre, ou l’envolée du bugle. Du meilleur hard bop. Avec toujours ce beat frondeur du batteur, de grande générosité.

Au final, ou presque, ça fonctionne comme un standard, un swing venu de la Nouvelle Orleans. Ah, ce groove ! L’histoire du jazz se rejoue de bien belle manière.

Pour source/gomme, on finit en énigme. Un son ample de contrebasse à l’archet, des harmonies pianistiques rappelant la musique française, Ravel, Debussy, la batterie aux abois. Suspens. Puis un hymne à la Lourau. Une nouvelle fois, le groupe montre sa maitrise du son, des compositions et des nuances.  

Difficile tout au long de l’écoute de lever le nez, ou les oreilles, pour faire autre chose, la musique captive. Les arrangements sont au top, la fougue est sans relâche, le son de qualité, et toujours ce brin d’humour dans les thèmes et les façons de jouer, qui montrent justement le grand sérieux et l’excellence de cette formation.

Alors, c’est qui, ces extra-terrestres ? Vous avez trouvé ?

Il est temps de regarder la pochette.

C’est le groupe Eat That Chicken et je vous avoue que j’ai hâte de les entendre pour de vrai. Je vous conseille d’en faire autant si vous voulez décoller.

 

Jean Philippe Curtelin: batterie ; Camille Virmoux: contrebasse ; Jochen Pirling: piano ; Benoît Chargueraud: saxophones ; Pierre-Etienne Parent: bugle)

 

Auteur / autrice