08/09/2021 – Lionel Martin / Hypnotic Brass Band au Transbo

08/09/2021 – Lionel Martin / Hypnotic Brass Band au Transbo

La Summer Session de Mad Sax

Les « Summer Sessions » du Transbo se finissent donc pour l’édition 2021 avec un programme décapant et atypique qui lorgne vers le jazz et ses musiques cousines comme on a coutume de le dire. En ouverture et en solo, place au régional de l’étape, le feyzinois Lionel Martin !

Ce set intervient juste après celui présenté dans une galerie parisienne où le Rhino Jazz a été lancé et avant son marathon/ performance de vingt-quatre jours avec le plasticien Robert Combas dans ce festival où il a pourtant coutume d’innover et d’expérimenter…La musique est issue de son prochain et second album en solo dont Combas, pape du mouvement Fluxus, en a réalisé la pochette. Passé le premier morceau où le saxophoniste ténor semble avoir du mal à s’adapter au format particulier de la scène extérieure peu propice à l’exercice solo, la transe s’engage avec un second morceau en forme de balade qui n’est pas sans rappeler Archie Shepp dans les années 80 et son duo avec le clavier néerlandais Jasper Van’t Hof (dont le live Mama rose est un chef d’œuvre). D’Archie, Lionel en a le son sur ce projet et pour l’ensemble du concert de ce soir, dû en partie à l’acquisition d’un nouveau saxophone il y a un an.

Et s’il a recours aux machines et autres boucles électroniques c’est surtout les cris déchirants dans la nuit de son saxophone qui réjouit un public encore timide pour venir devant la scène s’imprégner d’une belle musique exigeante. Le set se conclut légèrement en retard sur le programme, avec un morceau qu’il interprète habituellement avec son complice de Ukandanz, le chanteur Asnaque Guebreyers, qui est pour l’heure encore bloqué en Ethiopie et qu’il a hâte de retrouver à ses côté sur une scène…

 

Les hypnotiques Bad Boys du Jazz

Le groupe star de la soirée dont on se souvient encore des passages à Jazz à Vienne et à l’Épicerie Moderne (dans le cadre d’A Vaulx jazz), Hypnotic Brass Band, fait une entrée tonitruante et les sept frères accompagnés d’un batteur et d’un bassiste occupent largement la petite scène qui semble prête à craquer sous leur funk/Hip Hop/ Dub/ jazz/ Afro Beat/ Calypso : les musiciens vêtus en total ensemble en jean blanc chic (qu’ils ne vont pas tarder à enlever pour finir le set torses nus, aidés par une ambiance électrique !) entament le show avec une énergie et interactivité avec le public…Public parmi lequel on compte de nombreux représentants anglophones attirés par l’aura internationale du groupe.

Ils égrènent les titres de leur dernier disque, le bien nommé Bad Boys of Jazz  (sixième disque studio), mais également des titres de leurs albums précédents qui jalonnent une carrière déjà ancienne de vingt années (la légende retiendra que les musiciens se sont fait repérer sur le quai du métro, les voyageurs, hypnotisés laissant tous partir leurs trains sans eux…).

C’est peu dire qu’ils font le show : un des musiciens est porté par le public qui s’est cette fois amassé devant la scène, à plusieurs reprises (dont à l’occasion d’un I feel good des plus réussis) et ils communient véritablement avec des morceaux enfiévrés dont le hip Hop et le funk émergent largement dans l’orientation musicale. On se croirait parfois dans la série Treme avec ces fanfares généreuses qui brassent et enjambent tous les styles issus de la culture afro-américaine.

L’esprit reste d’ailleurs jazz, avec une place laissée à l’improvisation et la part belle aux harmonies des cuivres : ce sont bien les dignes fils de leur Phil Cohran de père (le trompettiste s’est illustré au sein du Sun Ra Arkestra) qui les obligeait à se réveiller à 6h adolescents pour jouer du cor avant d’aller à l’école (rigueur musicale oblige) et qui sont restés fidèles à la tradition paternelle exigeante autant qu’à la modernité urbaine et débridée des sons actuels. Ce n’est pas sans raison qu’ils ont joué à la fois aux côtés de Prince, Tony Allen ou Femi Kutti, mais également Snoop Dogg… Le public en extase en redemande encore et toujours et n’entend pas les laisser partir sans avoir au moins obtenu deux rappels qui portent les Chicago’s Boys à encore davantage donner de leur personne.

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