23/02/2023 – Da Break au Club Transbo

23/02/2023 – Da Break au Club Transbo

Morning sun et evening fun

Concepteur d’une bombe ultra-groovy parmi les meilleures de ce début d’année, le krew lyonnais de Da Break la faite exploser en live lors de cette release party qui célébrait sur leurs terres, après Paris, la sortie de ce nouvel album. Un concert au Club Transbo blindé pour l’occasion et qui donnait à entendre aussi quelques titres tout aussi fun  et irrésistibles de leur précédent Let it Shine. Un concentré de groove old-school, sidérant d’authenticité dans ce qu’il puise au meilleur de la soul hip-hop venue de la west-coast dans les 90’s, et que la team drivée par Pierre Vadon restitue magistralement sur scène.

Venir à la release party des Da Break, auteurs de la plus bombesque sortie d’album de ce début d’année en matière de groove, c’est un peu comme courir à la messe après avoir vu la Vierge. Sidéré par l’éclatante authenticité de leur «Da Best Riddim Eternal Action Krew», galette totalement addictive dès la première dose (voir ici), on l’était d’autant plus en découvrant que cette pure pépite de soul hip-hop old school, si typique et marquante de la west-coast américaine des 90’s, n’était pas la dernière tuerie d’un obscure black band des bas-fonds du Bronx, du Queens, de Brooklyn ou de Harlem, mais la B.O. d’une block-party idéale concoctée entre Lyon et Beaujolais par le label La Ruche avec une équipe de musiciens et d’une chanteuse qui n’ont rien de jeunots tombés de la dernière pluie.

Producteur, arrangeur et beatmaker de cet incroyable bijou de fun, Pierre Vadon est aux claviers pour piloter le live qui retrouve le soutien de deux musiciens présents sur le précédent album «Let it Shine», le guitariste et choriste Nicolas Mondon (NMB Experience) et le solide bassiste Kamal Mazouni. Un album déjà incroyable lui aussi, où les deux piliers fondateurs de Da Break, la chanteuse Hawa et le batteur Rémy Kaprielian, étaient produits par Patchworks (mais déjà arrangé par Pierre Vadon aux claviers), un disque que l’on découvre malheureusement à posteriori, tué dans l’oeuf par sa parution en 2019 en pleine crise Covid. Le concert de ce soir, dans un Club Transbo blindé du sol aux passerelles, était l’occasion dans entendre quelques un des meilleurs titres parmi la set-list qui a fait bien sûr la part belle aux hits en puissance qui jalonnent sans répit le nouvel opus.

Le warm-up était assuré par Pab the Kid (alias Mathys Grillet), un chti’ d’à peine vingt ans et «new kid on the block» d’un rap hip-hop qu’il a assimilé de façon innée au gré d’une enfance au parcours cosmopolite, avec une «vraie» voix de chanteur, à la fois juvénile et mélodique, et surtout un flow incroyablement fluide et nonchalamment lascif. On le retrouvera bien sûr un peu plus tard en duo avec Hawa sur Fine qui est la première et  terrible pépite qui ouvre l’album.

Mais franchement, le morceau qui à mon sens est LA plus grosse bombe de ce début d’année reste Got Me, que je suis heureux mais surpris d’entendre entamer le set . Ayant tellement ce titre en boucle non-stop dans la tête,ce beat et ces breaks si radicalement marqués, on trouvera le tempo donné ici par Pierre un peu plus down, avec une Hawa sans doute pas encore assez chauffée et habitée pour être comme ça d’emblée à la hauteur de son de la version studio si merveilleusement boostée. Léger bémol fugace le temps que tous aient vite pris leurs marques, où l’on découvre, derrière le groove lourdement appuyé de Pig Daddy qui suit (tiré de « Let it shine »), combien le quintet envoie grave avec un son rock, alors qu’il est très funky et cuivré sur le disque. La patte du guitariste évidemment, mais aussi la frappe très puissante de Rémy, un batteur qui viendra rapper au micro pour une battle avec Hawa sur Our Time, hip-hop funky porté par le groove de basse et où là encore la guitare lâche un chorus très rock.

Et voilà donc le bien nommé Fine avec Pab the Kid, archétype idéal de l’éternel ado américain en baggy-casquette dont on apprécie la fraîcheur juvénile, idoine sur ce titre festif tout aussi parfait pour ambiancer la party comme là-bas. La batterie cartonne toujours sur le gros funk de Miss Rosa (du précédent album) emmené par la rythmique de Nicolas. Plus sensuel et bordé de backing vocals, le down tempo de Ilu offre un court répit avant de retrouver un beat lourdement haché sur Leave me Out qui accueille à l’instar du disque, le chanteur Obi Bora en feat pour sa seule intervention.

L’atmosphère bouillonnante du parterre est à son zénith, avec comme sur la belle pochette du disque, une foule compacte et bigarrée qui se trémousse d’un même élan avec les yeux pétillants et la banane jusqu’aux oreilles, dans l’enchaînement de Mister Nightingale, rap hip-hop 90’s, puis  de l’explicite Enraged au flow nettement plus teigneux et où le son énorme du drumming et des infra-basses impacte les teufeurs, aux anges.

Montres-moi le chemin du bonheur… semble dire Show me the steps où l’on reste groupé dans les pas de Da Break sur ce beat d’intro aux effluves reggae-dub lancé d’un doigt temporisé sur le synthé avec en écho la reverb des voix et les riffs wah-wah de la guitare.

Après l’intervention de Jérôme, danseur breaker invité sur Down the Street (titre qui a fait l’objet d’un clip adéquat), Bliss maintient la foule dans la moiteur torride, enflammée une dernière fois par le disco-funky ultra groovy du vivifiant Morning Sun, le genre de titre – à l’instar de Gimme Love et de Soul Tropical de David Walters (l’album éponyme qui vient également de sortir est l’autre funny bomb de ce printemps- absolument parfait pour se lever le matin avec la pêche et être de bonne humeur pour démarrer la journée. Et après Give your Love en rappel, ultime partage de fluide entre Da Break et nous, on se dit que comme il fallait s’y attendre, question evening fun pour la finir, y’ a pas mieux non plus…

 

 

 

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