16/11/2023 – Sarab à La Soute (APEJS)

16/11/2023 – Sarab à La Soute (APEJS)

 « Il neige sur Beirut »
(Amin Al Aiedy)

Avec un de ses titres Amin Al Aiedy a voulu témoigner du malheur, quand la neige n’est que poussière et cendre dans un pays en guerre.

Nous avons eu l’imprudence, l’audace de prétendre couvrir un concert donné par le groupe Sarab, le jeudi 16 novembre à la Soute.

Il neige sur Beirouth. Il pleut sur La Soute. Il y a le vacarme des bombardements sur la bande de Gaza. Comme en écho,il ya le bruit et la fureur de la bande à Climène Zarkan , comme un cri de révolte, un appel à la prise de conscience des désastres du monde. Du chaos va-t-il sortir la lumière? Du chaos organisé par le soin des arrangements du groupe Sarab (Mirage! Quel mirage ? D’un orient féérique et fantasmé par l’occident ? D’un occident d’abondance et de paix ? Tout ne vole-til pas en éclat depuis longtemps déjà ?) nait bien une musique plus que séduisante.

L’éclat de leurs arrangements parfois merveilleusement harmoniques, parfois bruitesques, hyper saturés, par le talent extravagant de ces musiciens qui marient sans peur leur culture jazz, avec leur goût pour un rock agressif et des mélismes issus des gammes orientales où les voix de Climène Zarkan à la voix et Robinson Khoury au trombone sont particulièrement bien ajustées. Par le talent de ce guitariste multilangue Baptiste Ferrandis le jeu d’un trio rythmique efficace comme Thibault Gomez (claviers),Timothée Robert (basse) et Paul Berne (batterie). Il y aurait tant à dire sur le jeu de chacun de ces musiciens leur culture musicale incroyable, leur travail sur le son (beaucoup a déjà été dit sur le bouillonant Robinson; la folie créatrice de Baptiste est fascinante. La beauté du chant de Climène nous touche, nous bouleverse. Mais l’heure n’est pas seulement à la jouissance, au plaisir. La création n’a de sens que dans le monde chaotique ou nous vivons. Du chaos doivent naître la lumière et la musique . Alors parfois une certaine militance prend du sens. La lecture d’un poème d’une femme palestinienne prend sa place dans un thème du groupe: les enfants de Gaza rêvent qu’ils jouent dans les nuages, et beaucoup plurent parce que leur séjour au ciel est parfois sans retour.; Alors Climène prend un mégaphone, Baptiste fait dérailler sa guitare, les tempis s’alourdissent.. Robinson joue du vocodeur avec son trombone, Parfois les chœurs triomphent, un chant de douceur s’élance et rompt brutalement avec la fureur qui a précédé.

Nous aurions du mal à citer le nom des thèmes qui nous ont été présentés. Nous nous contenterons de souligner la création d’un nouvel EP en 2023   » Qawabeles Tape « . C’est le troisième.

Le mirage est peut-être celui d’une création où les âmes revendiquent à juste titre leur liberté dans un monde tissu de déchirements et dont la musique de Sarab est le reflet. Le mirage consiste sans doute à croire en la possibilité de maintenir vivante cette contradiction.

Que l’humilité triomphe, afin que ce ne soit pas le « glamour » qui triomphe comme le craint Herbie Hancock, mais une musique ou le respect de l’humain l’emporte, comme dans ce cher jazz qui « parle de l’âme humaine, pas de l’apparence ».

 

Merci à Jean-Baptiste Truffart pour le prêt de ses photos.

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