Ce sont pourtant trois chanteuses…françaises, Sonia Cat-Berro, Aurélie Tyszblat et Jiji qui nous ont offert seize titres chantés en portugais du Brésil, avec seulement quelques vers en espagnol et français. Rien que sur le plan linguistique, la performance est à saluer, et leur tournée au Brésil a confirmé leur parfaite intégration culturelle et au passage, leur engagement pour les peuples indigènes. A l’évidence le cœur/chœur d’Anaê bat pour le Brésil !
Le répertoire de Sonia, Aurélie et Jiji puise notamment dans la culture populaire de ce pays, faisant revivre des chansons parfois un peu éclipsées par les grands thèmes qui nous sont parvenus par delà l’océan. Pour autant, leurs auteurs sont mondialement connus, tels Gilberto Gil, Chico Buarque, Vinicius de Moraes parmi d’autres très grands noms. Non sans humour, Anaê fait aussi quelques clins d’œil à ses racines européennes avec une reprise de Foule Sentimentale (Souchon) et en adaptant rien moins que…la 5ème de Beethoven, oui, vous avez bien lu ! Il faut rendre un hommage particulier à Augusto Ordine, leur principal arrangeur à l’immense talent, ainsi qu’à Aurélie Tyszblat, qui a traduit certains textes.
Anaê cache une bien belle surprise : comme les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, ce trio compte… quatre membres ! En effet les superbes chanteuses Sonia Cat-Berro (mezzo), Aurélie Tyszblat (alto) et Jiji (soprano) faisaient équipe ce soir avec un non moins talentueux guitariste, Gabriel Marques ! Quelle merveilleuse symbiose entre ces quatre artistes. Les trois voix sont rarement à l’unisson, démontrant une grande maîtrise harmonique et vocale et la guitare de Gabriel s’y mêle parfaitement. Et quel bon choix que d’utiliser cette guitare un peu particulière, dont la septième corde permet de planter des notes basses qui enrichissent et posent les tonalités. On sent que cet ensemble a beaucoup travaillé, mais sans jamais perdre le plaisir et l’envie d’interpréter ces thèmes. Gabriel est clairement habité par sa musique, et son jeu est empreint d’une très grande sensibilité. De même, les chanteuses nous ont communiqué leur enthousiasme et l’énergie vitale de la musique brésilienne par les charmantes chorégraphies de Caroline Leboutte (Anaê ne signifie-t-il pas « grâce » ?) et en faisant chanter le public du Jazz Club, toujours nombreux et heureux de communier ainsi avec les artistes.
Merci à Salvatore Origlio d’avoir invité le « trio » Anaê en compagnie duquel nous avons passé une merveilleuse soirée : souhaitons à Sonia, Aurélie et Jiji de recevoir elles aussi, « chaque jour, un poème sur leur chevet »…
Les musiciens :
- Sonia Cat-Berro : voix
- Aurélie Tyszblat : voix
- Jiji : voix
- Gabriel Marques : guitare 7 cordes
