03/04/2025 -Manu Le Prince Quintet « Hommage à Wayne Shorter » au Jazz Club de Grenoble

03/04/2025 -Manu Le Prince Quintet « Hommage à Wayne Shorter » au Jazz Club de Grenoble

Proposer un concert « Hommage à… », c’est prendre un risque : l’imitation forcément pâle vous guette, ou carrément l’outrage à une légende.

Manu Le Prince et les excellents musiciens dont elle s’est entourée ont su merveilleusement réinterpréter une belle collection de titres du grand Wayne et de quelques autres.

Quelle énergie, quelle passion intacte et communicative chez Dame Le Prince ! D’emblée à l’aide d’anecdotes, elle établit un rapport amical, presque affectueux avec le public, qui le lui renvoie volontiers dès qu’elle lui propose de participer, sur Speak No Evil et Vera Cruz.

Mais Manu Le Prince ne joue pas la diva ; elle a même l’élégance de laisser ses musiciens lancer le concert avec un Au Privave très dynamique où chacun s’exprime. Tout au long du concert, Manu laisse beaucoup de place à ses « enfants », partageant avec nous son attachement et son admiration pour ces jeunes artistes. Elle s’amuse aussi avec eux, comme dans ce superbe et effréné duo à l’unisson avec Irving Acao, le saxophoniste : du grand art !

 

Manu Le Prince, qui a côtoyé les plus grands des deux côtés de l’Atlantique, puise dans son immense expérience et son énergie formidable pour conduire sa voix là où elle le veut, n’hésitant pas même parfois à prendre des risques, pour notre plus grand plaisir. Sa voix chaude qui sait se faire puissante comme feutrée, sert parfaitement les titres qu’ensemble ils ont choisis et qu’ils accommodent avec les aromates issus de leurs racines : le Brésil, Cuba et… la Guadeloupe !

C’est justement de l’île Papillon que vient Arnaud Dolmen, le batteur du groupe, qui nous a régalés de sa créativité rythmique joyeuse et communicative. D’abord dans Speak No Evil, puis en magnifiant le rythme de Body And Soul et de Casa Force et en nous proposant plusieurs superbes chorus, notamment dans Beauty and the Beast (le Comme Une Piaf de Nougaro).

Et à son tour, Irving Acao nous a offert de magnifiques improvisations avec son saxophone. Quelle énergie, quelle créativité comme dans Speak No Evil, dans Casa Force ou le Vera Cruz endiablé un peu plus tard. Irving garde toujours un superbe son, même lorsqu’il s’envole dans les harmoniques de son instrument. En parlant d’harmoniques, Irving Acao signe aussi l’arrangement de Footprints, adoubé par notre grand Baptiste Herbin national.

C’est aussi dans ce Footprints que Leo Montana propose un très beau solo libre au piano, venant après son chorus très inspiré dans Au Privave, de l’immense Parker, qui ouvrait le concert. Son jeu est toujours fin, délicat comme dans Tarde, (joué en 1990 par le superbe duo Shorter-Nascimento) et dans Children (paroles de Manu Le Prince).

Tout au long de ce beau concert, Felipe Cabrera le contrebassiste fait bien plus que « tenir la boutique ». Ses accompagnements sont riches, variés, inspirés, et constituent des sortes de chorus « d’ambiance », qui parfois se retrouvent mis en avant comme par exemple dans Eleonora, un très beau slow ou dans l’énergique Au Privave ou le Vera Cruz endiablé où lui et ses amis semblent totalement libérer les chevaux fous de leur inspiration.

En guise de rappel, Manu Le Prince et ses musiciens offrent Agua De Beber au public qui ne se fait pas prier pour chanter à son tour. Et devant l’enthousiasme de la salle, Manu lance l’idée de revenir à Grenoble avec un programme purement brésilien…Message transmis à Salvatore Origlio, le Président du Jazz Club !

[NdlR : merci à Jacques-Marie Francillon pour le prêt de des photos]

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